Recours pour excès de pouvoir
Généralités
Le recours pour excès de pouvoir est un « recours contentieux tendant à l’annulation d’une décision administrative et fondé sur la violation par cette décision d’une règle de droit ». Il « est ouvert même sans texte et a pour effet d’assurer, conformément aux principes généraux du droit, le respect de la légalité ». Il permet de demander au juge administratif (Tribunal administratif, Cour administrative d’appel, Conseil d’État) de prononcer l’annulation d’un acte édicté par une personne morale de droit public ou une personne morale de droit privé qui s’est vu conférer des prérogatives de puissance publique.Il s’oppose au recours de plein contentieux (qui comprend, par exemple, les recours en indemnisation), ainsi qu’aux procédures répressives (contraventions de grande voirie et sanctions disciplinaires prononcées par des juridictions).
L’intérêt d’un tel recours
Dans les États modernes, une autorité administrative ne dispose pratiquement jamais d’un pouvoir originaire et illimité. Si elle ne respecte pas les limites qui lui ont été assignées par la Constitution ou par la loi, on dira, selon la terminologie française, qu’elle commet un excès de pouvoirou, selon la terminologie anglo-saxonne, qu’elle agit ultra vires.Si l’on en juge par le nombre des plaintes et des recours, les cas d’excès de pouvoir se sont multipliés depuis quelques décennies, au moins dans les pays les plus juridiquement évolués. Cette augmentation s’explique par plusieurs raisons :
- D’abord, l’action administrative s’est considérablement développée : certaines tâches traditionnelles, comme la police ou l’enseignement, sont devenues beaucoup plus lourdes.
- Des tâches nouvelles, comme l’aide sociale ou l’urbanisme, ont fait leur apparition.
- Les garanties accordées aux administrés se sont considérablement renforcées.
- Enfin, grâce aux progrès de l’instruction générale, et sous l’influence de divers mouvements revendicatifs, les administrés sont de plus en plus résolus à défendre leurs droits, au besoin par la voie d’une action en justice.
Paradoxalement, donc, alors que l’administration doit faire de plus en plus de choses, ses prérogatives sont rognées de différentes manières, et la méfiance du public à son égard n’a jamais été aussi grande. Mais dans quelle mesure peut-on sanctionner l’excès de pouvoir sans courir le risque de paralyser complètement l’administration ?
La particularité de ce type de recours
Le recours en excès de pouvoir est un procès fait à un acte (ce qui fait dire à certains auteurs que, dans cette procédure, il n’y a pas à proprement parler de parties).
Conditions requises pour exercer ce recours
Acte à caractère décisoire
L’intérêt à agir du requérant
La procédure
Le recours pour excès de pouvoir est en principe porté en premier ressort devant un tribunal administratif. Les principales exceptions à ce principe concernent les actes nés en dehors du ressort des tribunaux administratifs (par exemple à l’étranger), les actes produisant des effets au-delà du ressort d’un seul tribunal administratif, et les recours contre les décrets, qui sont jugés en premier et dernier ressort par le Conseil d’État.
Les moyens susceptibles d’être invoqués
Les moyens susceptibles d’être invoqués à l’appui d’un recours pour excès de pouvoir sont :
Moyens d’illégalité externe
- incompétence de l’auteur de l’acte : moyen d’ordre public qui peut être soulevé d’office par le juge.
- vice de forme (dont le défaut de motivation)
- vice de procédure
- vice dans la composition d’un organisme dont l’avis à recueillir est obligatoire.
Moyens d’illégalité interne
Il s’agit de vices liés au contenu, à la substance de l’acte :
- violation directe de la règle de droit
- erreur de fait
- erreur de droit
- erreur dans la qualification juridique des faits (ou erreur manifeste d’appréciation s’il s’agit d’un domaine dans lequel le juge n’exerce qu’un contrôle restreint)
- détournement de procédure ou de pouvoir
Moyens d’ordre public
Ils peuvent être aussi bien de légalité externe que de légalité interne.
- Incompétence de l’auteur de l’acte,
- Méconnaissance du champs d’application de la loi :
- dans le temps,
- dans l’espace,
- Contrariété de l’acte par rapport à la chose jugée.
- La responsabilité sans faute de l’administration
- Absence de recours préalable obligatoire avant tout recours contentieux
- Intervention d’une décision juridictionnelle supérieure de nature à interférer sur la légalité de l’acte. Annulation d’un texte par une juridiction supérieure sur lequel l’acte était fondé.
Conséquences